Pourquoi Joseph Kabila a renoncé d’être candidat à la prochaine présidentielle ?
Rappelons que le mandat constitutionnel de Joseph Kabila est fini depuis le 19 décembre 2016, mais il n’a pas voulu organiser les élections pour élire son successeur ; il a cherché par tous les moyens à changer la constitution du pays pour lui permettre d’avoir un 3e mandat.
Juste deux ans après son élection contestée en 2011, certains membres de la Majorité Présidentielle ont proposé une révision constitutionnelle incluant particulièrement la modification du nombre de mandat du président de la république pour permettre au président Kabila de briguer un troisième mandat. Parmi eux l’ exemple le plus frappant c’est le fameux livre de Evariste Boshab intitulé « Entre révision de la constitution et l’inanition de la nation » suggérant la révision de la constitution tout en visant le changement de l’article 220 qui stipule que « La forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle. Est formellement interdite toute révision constitutionnelle ayant pour objet ou pour effet de réduire les droits et libertés de la personne ou de réduire les prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées ». Par contre, le peuple congolais, les acteurs politiques de l’opposition, l’église catholique, la diaspora congolaise et la communauté internationale, tous se sont opposés catégoriquement à cette proposition qui a été finalement abandonnée.
Souvenons-nous aussi qu’en janvier 2015, le gouvernement avait déposé un projet de loi portant modification de la loi électorale du 25 juin 2011. L’objectif de cette loi était de retarder la date des élections pour garder Joseph Kabila le plus longtemps.
La disposition de l’article 8 de cette loi stipule que « La liste électorale doit être actualisée en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population ». Ce qui renvoie, selon les opposants, à conditionner l’organisation des élections par le recensement général de la population (Radio Okapi 12 janvier 2015).
C’est ainsi que du 19 au 21 janvier, l’opposition a organisé diverses manifestations à travers le pays pour contester contre ce projet de loi électorale suicidaire communément dénommée « la loi Boshab » par le peuple congolais à l’époque car c’est Mr Evariste Boshab alors ministre de l’intérieur qui en fut l’auteur.
L’article du RFI Afrique du 19 janvier 2015 dit que « Alors que la loi électorale très controversée en RDC devait être examinée au Sénat ce lundi 19 janvier, le moindre rassemblement a été systématiquement dispersé par la police et de façon brutale. La police a même tiré à balle réelle sur les manifestants. Le gouvernement avait interdit qu’ils marchent sur le Parlement. Ces manifestations ont fait plusieurs morts. Les bilans diffèrent de part et d’autre ».
Selon la Radio Okapi du 22 janvier 2015 le gouvernement « avait annoncé que les manifestations organisées ces trois derniers jours à Kinshasa contre le projet de loi électorale ont fait 12 morts et de plus de 300 personnes. La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) parle de 42 morts et plusieurs blessés dans les grandes villes du pays ».
Et puis plus récemment a la fin de l’année 2017 et début de l’année 2018, Le comité laïc de coordination (CLC) qui est une structure de l’église catholique en RD Congo a appelé, a des marches pacifiques pour dire non à la dictature et réclamer la tenue des élections et le respect de l’Accord de la Saint Sylvestre signe le 31 décembre 2016 qui a donné à Joseph Kabila de rester une année de plus en dehors de son mandat constitutionnel afin d’organiser les élections pour une alternance pacifique et apaisée.
«Notre peuple ne croit plus en la volonté politique des dirigeants actuels d’assurer une alternance pacifique du pouvoir. En effet, les nombreuses fenêtres d’opportunités offertes à nos dirigeants actuels tant par la communauté nationale qu’internationale ont été volontairement et systématiquement rejetées, réaffirmant ainsi leur volonté de se maintenir au pouvoir sans respect de toute procédure démocratique. Aussi a-t-il décidé de se mettre résolument debout pour barrer la route à la présente dictature, premier obstacle à l’organisation des élections libres, transparentes et apaisées», a indiqué le communiqué du CLC appelant à l’organisation d’une marche pacifique le 25 février 2018.
Enfin rappelons que ces différentes marches organisées par le CLC ont aussi de victimes. Les congolais ont perdu leur vie lors de ces marches alors qu’ils marchaient pacifiquement avec des bibles, des chapelets, des crucifix, des rameaux et d’autres objets religieux. Les exemples les plus emblématiques des jeunes congolais et activistes qui ont perdu leur vie c’est le cas Rossi Mukendi Tshimanga, Thérèse Kapangala, Eric Boloko etc. Il y a eu de multitudes de blessés et des arrestations.
Le peuple congolais avait bravé la peur pour réclamer les élections dont Joseph Kabila ne peut pas être candidat. La jeunesse congolaise s’est sacrifiée en mettant leur vie en danger car le pouvoir tyrannique et sanguinaire de Joseph Kabila ne pardonne pas. Beaucoup sont dans des prisons jusqu’à présent et beaucoup d’autres en exil. Certains acteurs politiques de l’opposition sont en prison parce qu’ils ont soit réclamé le respect de la constitution soit donné des opinions contraires à celles de la classe politique dirigeante. La plus part des congolais de la diaspora qui se sont mis debout pour dénoncer les crimes et de graves manquements de droit de l’homme de la part du pouvoir de Joseph Kabila ne peuvent plus retourner au pays par crainte de représailles, d’être arrêtés ou même d’être tues.
Tous les crimes et le non-respect de droit de l’homme commis par Joseph Kabila et ses acolytes prouvent suffisamment qu’il n’y avait aucune intention de quitter le pouvoir et aussi ils n’ont aucune notion de démocratie. Alors qu’on ne trompe pas le peuple congolais en présentant Joseph Kabila comme un démocrate du fait qu’il a désigné un dauphin pour les élections du 23 décembre.
CharitéNews