Le contenu de cet article est de la rédaction de la Voix de l’Université catholique du Graben. Seul le titre appartient à Charité News.
« Les massacres de Beni » : Kabila, le Rwanda et les faux islamistes, c’est le titre du livre publié par Boniface Musavuli, chercheur congolais spécialiste des questions de défense et sécurité.
Il s’agit d’un ouvrage qui interroge les rescapés, les sources locales, les témoins, les différents rapports d’experts ainsi que la documentation relative à la tragédie de Beni.
Dans une interview accordée lundi 11 janvier 2021 à La Voix de l’Université Catholique du Graben, Boniface Musavuli a fait savoir qu’il a réuni le plus d’éléments possibles afin de se faire une idée sur qui sont les auteurs des tueries de Beni, quelles sont les motivations derrière cette tragédie et jusqu’où peut-elle aller.
A la question de savoir qui tue à Beni, cet activisme des droits de l’homme rejette la thèse des rebelle ADF jusque-là présentée par les officiels et les Nations Unies comme auteurs de cette tragédie datant de 2014.
«Les rebelles ADF originelles de Jamil Mukulu n’existaient plus depuis avril 2014 en tant que force militaire organisée. Les ADF originelles ont été défaites par les troupes du Colonel Mamadou Ndala tué en le 02 janvier 2014, troupes commandées par le Général Bauma. Les massacres de Beni débutent en octobre 2014, c’est-à-dire six mois après la fin des ADF originelles. Toute la question est de savoir pourquoi le discours officiel a consisté à imputer ces massacres aux rebelles ADF, c’est-à-dire à une force qui n’existait plus », a-t-il expliqué.
Boniface Musavuli fait savoir que ses recherches l’ont conduit à un constat d’embarras lié à deux réalités politique et géopolitique.
« Dans mon ouvrage, j’explique que des populations rwandaises chassées de Tanzanie migrent dans des zones des massacres à Beni. A l’époque il y avait un conflit entre le Rwanda et le Président Jakaya Kikwete. Ces migrants se sont d’abord installés dans les zones occupées par le M23. Après que cette rébellion a été défaite, ces populations se sont rendues au Rwanda où elles ont été réarmées puis repoussées au Congo. Mais également dans mon ouvrage j’explique que plus de 50 mille prisonniers sont disparus des prisons du Rwanda. Je me suis dit que ces fugitifs sont partis quelque part et la seule destination où enflaient les populations rwandaises c’était le territoire de Beni et le Sud de l’Ituri », a-t-il ajouté.
Et la seconde réalité constatée par Boniface Musavuliu c’est l’attitude de l’armée.
« Il y a eu des massacres qui ont duré même des heures près des positions de l’armée et l’armée a laissé faire », a-t-il dénoncé.
Une attitude qui s’explique par la composition sociologique de l’armée et son histoire.
“On a crée une armée par le brassage avec des forces qui se combattaient qui, une fois revêtue de l’uniforme nationale poursuivait leur objectif stratégique”, a-t-il révélé.
Face à cette situation, Boniface Musavuli invite la communauté à prendre conscience que la population Nande est exposée au génocide. Il préconise également que les massacres soient documentés.
Il conseille aussi à la population de s’organiser en groupe d’autodéfense village par village, cité par cité, ville par ville, afin de résister aux tueurs et obtenir des résultats auprès du pouvoir central et tout ceci aux cotés des initiatives parlementaires. Enfin, Boniface Musavuli préconise un lobby au niveau international pour faire prévaloir la vérité selon laquelle ce qui se passe à Beni est un génocide contre le peuple Nande.
Fabrice Ngima