Partira, partira pas ? Rentreront, rentreront pas ? C’est l’heure de vérité en RD Congo pour le président Joseph Kabila et les deux ténors en exil, avec l’ouverture le 25 juillet du dépôt des candidatures à la présidentielle prévue le 23 Décembre.
La République démocratique du Congo, plus grand pays d’Afrique subsaharienne (2,3 millions de km2), qui n’a jamais connu de transition démocratique, aborde jusqu’au 8 août une étape cruciale de son processus électoral, sous le regard de ses voisins africains et partenaires étrangers.
À partir du mercredi 25 juillet, et jusqu’au 8 août, les prétendants à la fonction suprême pourront déposer leur candidature à l’élection présidentielle qui doit se tenir le 23 décembre.
Parmi les candidats pressentis figurent les opposants en exil Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, et peut-être le président Joseph Kabila, qui ne s’est pour l’instant pas exprimé sur la question.
Incertitudes sur l’avenir de Joseph Kabila
À partir de mercredi, tous les yeux se tournent vers Joseph Kabila, qui jure son total respect pour la Constitution sans dire formellement qu’il quittera le pouvoir. Selon une lecture littérale de la Constitution qu’il a lui-même promulguée, Kabila, élu en 2006 et réélu en 2011, ne peut pas se présenter à un troisième mandat.
Il est même hors mandat depuis la fin de son second quinquennat le 20 décembre 2016. La source de son pouvoir se trouve dans une disposition qui lui permet de rester “en fonction jusqu’à l’installation effective d’un successeur élu” et un accord politique du 31 décembre 2016.
Toujours le plus jeune président du continent à 47 ans, Kabila n’a pas désigné de dauphin, ce qui nourrit les suspicions de ses adversaires.
Depuis des semaines, de hauts cadres de la majorité présidentielle reprennent à leur compte la thèse d’un juriste, Cyrus Mirindi, selon qui “le compteur (du nombre de mandats présidentiels) a été remis à zéro après la réforme constitutionnelle de 2011”. Cette réforme avait modifié le mode de scrutin, en passant de deux à un tour.
Particulièrement vigilante et très influente, l’Église catholique a prévu trois jours de mobilisation du 12 au 14 août si le président Kabila se représentait.
Jean-Pierre Bemba de retour à Kinshasa le 1er Août.
Tout juste acquitté en appel par la Cour pénale internationale après dix ans de prison à La Haye, l’ex-chef de guerre Jean-Pierre Bemba a annoncé son retour le 1er août pour déposer son dossier de candidature.
“Je compte arriver à Kinshasa dans la matinée dans un avion privé. Des dispositions sont prises de notre côté pour éviter des débordements.
Je serai très heureux de retrouver mes militants”, a déclaré l’ancien vice-président de la RD Congo au cours d’une conférence de presse à Bruxelles, sa première apparition publique depuis sa remise en liberté provisoire et conditionnelle.
“Mon retour n’est pas une vengeance, je suis sans idée de rancune, de vengeance, sans amertume”, a-t-il ajouté. Jean-Pierre Bemba avait quitté Kinshasa début 2007 après des combats entre sa milice et l’armée du président Joseph Kabila dans les rues de Kinshasa.
Moïse Katumbi de retour également
En Belgique également se trouve un autre candidat et opposant déclaré, Moïse Katumbi, ex-proche de Kabila passé dans l’opposition en 2015 et en exil depuis mi-2016.
M. Katumbi a de nouveau annoncé son retour “dans les tout prochains jours” pour déposer son dossier de candidature avant le 8 août, par la voix d’un de ses proches.
Son avocat français Éric Dupond-Moretti assure avoir démonté les “farces judiciaires” qui empêchent son retour.
Demandes communes de l’opposition
Des proches de MM. Bemba et Katumbi ont déclaré lundi, avec trois autres leaders de l’opposition, qu’ils ne boycotteraient pas l’élection, mais qu’ils demandaient des préalables : retrait de Kabila, de la “machine à voter” et d’une dizaine de millions d’inscrits litigieux sur les listes électorales.
La publication provisoire des candidats est prévue le 24 août, avant la liste définitive le 19 septembre.
Le temps pour la commission électorale de vérifier si les candidats réunissent toutes les conditions, et qu’ils ont bien versé leur caution de 100 000 dollars.
JOHN LUPALA