RDC : “Des morts sans deuil et cimetière” (Tribune de Fred Mastaki)

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Nous sommes dans un pays qui comptabilise ses morts, des conflits inter-ethniques, les conflits armés, les conflits politiques, les catastrophes naturelles, des incidents et accidents sont des sources des morts en masse dans ce pays.

*Des morts de l’Est, du Centre, du Nord, du Sud et de l’Ouest*

Tous sont des morts, mais sans même considération, il y a des morts de Kinsantu, de Limite, de Boma, qui sont des morts des deuils à la hauteur du niveau national ; il y a des morts des Mayi Moya, Bashu, de Watalinga, d’Irumu, de Mambasa, Masambo, de Bukavu, de Minembwe, de Makobola…sont des morts dans les oubliettes, des morts déconsidérés , des morts négligés, des morts écartés d’autres vrais morts, des morts absents des salons climatisés, des morts prohibés, des morts des chroniques indéfinies, des morts inconnus, des morts des Batuwana, les morts des Bango na bango, des morts sans morts, des morts aux touches des machines des calculatrices, des des morts des arrogants, des morts qui n’ont pas élu, des morts au dos des autochtones.

Sans aucun acte national, des morts sont enterrés en masse;
Sans acte national, des morts croqués par les moribonds sans cercueil.

Sans acte national, des morts pourris à même le sol; courbés sur leurs houes, machettes.

*Sans deuil, ces morts qui se consolent.*

Ils se consolent, car n’ayant pas d’interlocuteur;
Ils se consolent, car n’ayant pas d’âmes des personnes sans âmes;
Ils se consolent, car n’ayant pas connaissance du prix de la paix;
Ils se consolent, car sachant leur statut de déconsidéré;
Ils se consolent, car régnant dans les royaumes des inconnus;
Ils se consolent, car exécutés en dehors des zyeutes des décideurs;
Ils se consolent, car n’étouffant aucun système politique;
Ils crient dans les déserts
Malgré les appels aux protestations, les oreilles du leveur du gros fardeau demeurent bouchées,
Malgré les images sur les réseaux sociaux, les yeux de celui-là ne voient que des fleurs de la Uwa Redi;
Malgré les chansons révolutionnaires, les plateformes de téléchargement des musiques consomment pour rien les frais du peuple ordinaire qui auditionne et réauditionne ces mélodies qui retracent la misère de la population, c’est juste de Kalalangwe,
Malgré les radios et télévisions qui étalent la misérable vie de la population, c’est juste des séries télévisées « Novelas ».

*Vraiment il faut des morts sans deuil.*

Ils doivent mourir, car ne freinant pas notre richissime carrière,
Ils doivent mourir, car justifiant nos dépenses,
Ils doivent mourir; car n’occupant aucune influence sur nos vies,
Ils doivent mourir, car leur sécurité n’étant pas notre priorité,
Ils doivent mourir, car construisant mal sur des espaces officiellement octroyés,
Ils doivent mourir, car c’est depuis longtemps qu’ils sont dans ces situations meurtrières.
Ils doivent mourir, vraiment ils doivent mourir et aucun deuil ne mérite pas, même sans droits des cimetières.
Des morts
Aucun drapeau ne sera en berne pour déplorer ces morts,
Des morts des présidents étrangers valent mieux que les morts des citoyens ordinaires,
Des morts sans attirances,
Des morts sans deuil.

Fred Mastaki