Clovis Mutsuva, c’est son nom, l’un des activistes du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) à Beni, province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RD Congo.
Au cours d’une interview exclusive accordée vendredi 22 janvier 2021 à Charité News, il a dévoilé le calvaire vécu dans des cachots et la prison de Beni. Il parle de la carence alimentaire et du monnayage des visites à tous les niveaux.
“En commençant par le cachot du GMI jusqu’au cachot de l’État-Major, les cachots surtout de Beni, c’est une vie pénible. Mais, on a tenu quand même. D’ailleurs, on profite à informer toutes les organisations qui œuvrent dans ce sens là de pouvoir chaque fois assister les prisonniers. Les gens qui sont en détention ont leurs droits qui nous devons tous respecter. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Par exemple, ici à Beni, pour voir un détenu, il faut avoir l’argent. Du cachot GMI, cachot PNC, Auditorat jusqu’à la prison de Beni-Kangbayi”, a-t-il dit.
Et d’ajouter :”Mais, je salue quand même le courage du directeur de la prison de Beni-Kangbayi qui interdit parce que quand lui est là, personne ne peut oser monnayer la visite. Ce sont des militaires et policiers qui font payer les gens avant de visiter leurs proches, chose que nous détestons. Il faut que ceux qui sont censés décourager ces actes puissent agir avant. La prison de Beni-Kangbayi est construite pour 250 personnes. Avant-hier quand nous avons quitté Kangbayi, nous avons laissé 789 détenus et quelque part à l’Auditorat, nous avons vu une trentaine. Et donc, aujourd’hui, ils sont dans 800. Et il faut voir les dossiers. Je vous rappelle que certains de ceux-là qui ont été arrêtés dans le couvre-feu de 21 heures, ils sont à Kangbayi, parce qu’ils n’ont pas eu d’argent à payer ou donner à la Police”.
Il déplore que nombreux sont longtemps détenus dans les différents cachots et la prison de Beni-Kangbayi pour des faits bénins. Clovis Mutsuva fait partie de 8 militants acquittés, faute de preuves, mercredi 20 janvier dernier, par le Tribunal militaire de garnison de Beni-Butembo.
Ils avaient été arrêtés, le 19 décembre 2020, par les éléments de la Police, lors d’une manifestation pacifique exigeant le départ de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO), accusée de léthargie face aux tueries répétitives des personnes attribuées aux combattants d’Allied Democratic Forces (ADF) à Beni.
Fabrice Ngima